La femme au serpent

Avant ma naissance, ma mère vivait avec ses parents, dans un village de caravanes. On l’appelait la Femme au serpent. Son spectacle avait lieu dans les entre-sorts : c’étaient des baraques de Foire où l’on entre et d’où l’on ressort après avoir vu un divertissement. Maman y côtoyait la femme crocodile, l’enfant à deux têtes, l’homme éléphant, la femme coupée en morceaux, la femme sans tête, les sœurs siamoises et d’autres curiosités.(...)

 

 

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Le lavoir (pour Denis B. et Julie O.)

Elsa et Pierre. Vous n’avez ni lave-linge ni séchoir à domicile. Vous ne vous connaissez pas, mais vous faites votre lessive au même endroit, rue Saint-Amant, le dimanche après-midi. Chacun remplit une machine à laver, le même programme économique. Quatre vingt minutes. Cela permet de faire un tas de choses, comme d’observer les gens qui surveillent leur lessive.



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La conversation

Une terrasse de café au bord du canal Saint-Martin. Un homme portant un caban bleu a devant lui un enregistreur. Il capte les bribes de conversations alentour. Ce sont des hommes, des femmes, des vieilles dames, des passants, des concierges, des drogués, des enfants, des étrangers, des mendiants, des jeunes gens, des conducteurs de taxi, des touristes attablés, des serveurs de café. Auriez-vous un euro ? Comment tu fais pour arriver toujours en retard ? Je n’ai plus mon vélo, j’ai dû prendre le métro. Voyez vous madame, le quartier a changé. Vous avez marché sur mon pied, jeune homme, vous pourriez vous excuser.

Une femme au téléphone, à la table de droite, dit : Je n’avais jamais connu l’orgasme, avant. (Un silence plane). Tu me rejoins en terrasse ? Hôtel du Nord, oui.





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Le banc ou l’homme de dos (pour A. V. Janssens)

Il y a peu de visiteurs, à l’ouverture du centre d’art contemporain. Celle-là, avec son dictaphone, doit être critique d’art. Ou étudiante en histoire de l’art. En parcourant l’exposition, une photo semble la troubler. Elle prend le temps de s’asseoir, sur un banc, pour l’analyser. Elle fait un commentaire, dans son mini enregistreur : « C’est un homme, vu de dos, torse nu, en caleçon, le jean totalement baissé sur ses pieds. Il lève les bras comme pour éviter de tomber et s'avance, vers un escalier plongé dans le noir ».



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Fantasma

A Stockholm, vous êtes des milliers de femmes célibataires, indépendantes, menant votre vie, votre carrière, sans homme à l’horizon. Et quand sonne l’heure d’assurer votre descendance, et que des rides sillonnent votre front, vous commencez à vous inquiéter. Allez-vous rencontrer celui qui partagera votre vie et vous fera des enfants ?



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Les frontières de la peau

J’avais pris rendez-vous pour mon amie Aline chez Monsieur Yu. Je lui avais donné l’adresse de cet homme, sans rien dévoiler de ce qui l’attendait. Fais-moi confiance, lui avais-je dit. Je n’ai plus jamais revu Aline depuis. Elle a laissé un journal, dont voici la dernière page (...)


 

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La chambre numéro dix-sept

J’avais un petit hôtel, rue du Pépin. Vingt chambres avec salle de bain. Ma clientèle était constituée de gens de passage, hommes d’affaires pressés, couples illégitimes, amants impatients de se retrouver. Presque tous les midis, une femme louait la chambre dix-sept. Elle était habillée de noir, portait des bracelets indiens et une petite valise. Que faisait-elle, seule dans cette chambre, pendant deux heures ? Nul ne le savait. J’ai bien tenté d’écouter aux portes pour essayer de connaître ses occupations, regardé par le trou de la serrure pour entrevoir la dame, sans succès. Cette cliente demandait toujours «la chambre sans miroir ». La numéro dix-sept. (...)
 

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Les dessous chics

Ce matin, parmi mon courrier, j’ai trouvé une surprise. J’ai reconnu le papier d’emballage bleuté : c’était bien la boîte que j’avais emballée moi-même, hier après-midi. Elle porte l’étiquette « Les Folies d’Elodie ». Un mot était glissé sous la ficelle : « Je serais enchanté que vous les portiez ».
 
 

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Dazibao (pour Brice Le B.)

Le métro, les sons, les visages. Sept minutes, trois rames de métro et puis rien. Aucune trace d’elle. La bouche de métro engloutit la nuée de passagers tandis qu’il sent son corps se raidir : elle n’est pas venue aujourd’hui. Comment retrouver cette femme ? Elle prenait le métro à Odéon, chaque matin, à huit heures trente-deux. (...)

 




 

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Bénarès (pour Muriel D.)

Dans le patio du Yogi Lodge, les pensionnaires boivent le thé, à la faveur de l’été. Une femme, drapée de blanc, est montée sur le toit pour contempler le soleil qui ne va pas tarder à décliner. Des enfants jouent au cerf-volant sur les toits de Bénarès. La nuit tombée, ils rentreront chez eux. Mais en cet instant encore, ils courent et sautillent, derrière leur cerf-volant, ils sautent de toit en toit et crient d’émerveillement. (...)

 

 

 

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L’ascenseur

Un. Cet homme porte un jeans usé. Deux. Les boucles rebelles. Trois. Les yeux outremer. Quatre, il me dévisage. Cinq. Impossible de ne pas le regarder. Six. Quand l’ascenseur va-t-il s’arrêter ? Sept. Ouverture des portes. Il descend. « Nous travaillons au septième étage », lance la Directrice des Ressources Humaines qui m’a engagée. Elle me fait signe de la suivre. Je m’exécute, chancelante. (...)
 

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L’oreille

C’était le temps du premier soutien-gorge et des cours de danse, le mercredi après-midi. Je me souviens des regards, dans le vestiaire, quand j’ai dévoilé ce soutien-gorge aux yeux de toutes. Dès que les filles se déshabillent, elles comparent leurs attributs. (...)
 

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La fenêtre entrebâillée

A Copenhague, je dormais la fenêtre ouverte. Par tous les temps, même durant l’hiver. J’habitais un rez-de-chaussée donnant sur une arrière-cour et un jardin. C’était un immeuble communautaire, géré par la commune et entretenu par ses habitants. (...)
 

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L'agence

« Cherche jeune femme pour repassage et travaux divers ». Cette annonce était publiée dans un journal. J’ai appelé le numéro de téléphone. Une dame m’a demandé de me décrire et s’est intéressée à mon passé de danseuse. Elle m’a dit que je ferais l’affaire. Quand je l’ai vue, j’ai sursauté à cause de ses gants en plastique jaune et de son tablier en toile cirée. Madame Arlette m’a menée au bout d’un couloir sombre, derrière une porte en accordéon. Je repasserais dans la cuisine. Elle m’a montré le panier à linge. (...)

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